« J’ai des petits problèmes dans ma plantation, pourquoi ça pousse pas ? »
Kana.
Salut à toi, jeune Padawan
J’espère que tu n’es pas climato-sensible, auquel cas, mets un pull, prends une longue respiration, bon courage, et vivement le ski. Oh ça va, tu sais que ton fidèle serviteur aime la neige, et puis, disons que l’année dernière a été quelque peu « frustrante » pour les amateurs de glisse. Tant de blanc et pas de remontées m’ont donné des envies Orange Mécanique. Alors toutes mes condoléances aux amateurs de grand soleil ; je suppose que vu que les skieurs n’ont pas eu de saison, ils ont décidé de vous confiner l’été, ceci doit expliquer cela.
Pour aujourd’hui, petit billet philosophique d’un jardinier en dépression. Non ça va, je déconne, la Biocoop est en face de chez moi, rien de grave, cher Padawan. Je souhaitais, en fait, te parler de la belle leçon d’humilité que j’ai reçu cette année. Une belle claque dans mon orgueil d’être humain moderne, peut-être, prétentieux, assurément, qui était persuadé que parce qu’on réussit une fois en matière de jardin, on a tout compris.
Mais pour cela, une petite remise en contexte s’impose…
Le vice de l’apprentissage heureux
L’année passée, en tant qu’experte en jardinage de la fraise, je me suis dit que le reste ne devait pas être bien plus compliqué. J’avais donc décidé de m’essayer aux plantations. Pas d’inquiétude, je parle de plantations légales, cher Padawan. Tomates, courgettes, concombres, basilic, bref, de quoi se faire de bonnes salades maison pour l’été. Sans prétention et depuis mon modeste balcon, j’avais entrepris mon projet avec beauté, gloire et amour de la feuille bien verte. Le résultat ? Je croulais sous les tomates, je ne savais plus quoi faire de mes concombres, si bien qu’avec un regain de fierté mal placé, j’avais conclu que ce n’était pas sorcier de faire pousser des trucs.
Parce que les années se suivent et ne se ressemblent pas, et que le jardin appartient au royaume de dame nature et à personne d’autre, on découvre tôt ou tard que c’est elle qui décide si, comme l’année dernière, tu vas te bâfrer de tomates plus grosses que le poing dès mi-mai, ou si, comme cette année, tu vas attendre fin juillet voire mi-août pour déguster, éventuellement, trois pauvres tomates cerises. Alors point de diva ici, il y a tout de même quelques succès cette année : Le basilic n’a plus de place tant il se plait dans son pot, de même que ses copines les autres herbes aromatiques, il y a minimum une trentaine de tomates en préparation, les fraises ont été au rendez-vous et entament une nouvelle saison, et les citrons citronnent joyeusement et seront prêts et bien mûrs pour cet automne-hiver. J’ai fait aussi l’essai d’une graine de butternut, par curiosité, alors compte sur moi pour te prendre en photo le monstroplante, s’il pousse.
Seulement voilà, par rapport à l’année dernière et au fait que je n’ai pas encore pu manger une seule tomate de ma production, le petit jardin 2021 est vraiment modeste. La dure vie de jardinier en est ainsi. Nos plantes ne poussent pas toujours au top et de la même manière tous les ans ; une belle leçon d’humilité de constater que ce n’est pas si facile de faire pousser sa bouffe, finalement.
La vie est aussi juste que le jardin
Tout comme il n’est pas si facile de faire pousser sa propre nourriture, la réussite de nos projets n’est pas automatique, et ce même si notre travail a été vraiment acharné dans les deux cas.
L’effort et l’engagement ne font pas tout. Pourtant, si nous écoutons la sempiternelle rengaine de certains livres de développement personnel, ton fidèle serviteur faisant partie des grands bosseurs, entre les heures de travail intenses, les formations en sus du temps de travail, le peu de vacances prises et le nombre de sacrifices, je devrais actuellement être multimilliardaire, loin devant Bill Gates, lol. Et figure-toi que j’en connais d’encore plus méritants qui devraient même l’avoir comme homme à tout faire, ce brave informaticien. Mais non, le travail dur, la motivation, l’engagement, tout cela ne mène pas forcément à la vie de pacha. Alors attention à ne pas croire des chimères au risque de se prendre une énorme claque. La vie n’est pas juste.
Si l’on est honnête et qu’on ouvre vraiment les yeux, on aperçoit, par exemple, deux facteurs qui n’ont rien à voir avec le travail (ni avec la poste, d’ailleurs … oui, bon, tu me connais maintenant, ndlr).
Le carnet d’adresses et le milieu social. Nombre d’autres critères sont à prendre en compte également, comme la chance, qui a toujours sa petite – ou grande – part à jouer. D’ailleurs, dans mon entourage, un homme très talentueux et qui a réussi n’a de cesse de me répéter que sans la chance, non seulement il n’aurait pas eu la même carrière, mais il n’aurait pas eu de carrière du tout.
Tout cela pour te dire, cher Padawan, que peu importe le travail que tu mets en oeuvre dans ton jardin, s’il y a des gelées en fin de printemps, s’il pleut et qu’il fait trop froid pendant la saison estivale, ton talent, ton investissement ou ton engagement n’y seront pour rien. Tu n’as pas démérité, et même si tu ne repars pas avec la médaille du grand vainqueur, tu n’as pas tout perdu pour autant, car il y a un enseignement à tirer que seul un échec peut t’apporter : Tu as appris et la prochaine fois, tu sauras.
Aie confiance en ton parcours et sois fier de tes échecs. Nous vivons dans un monde où les qualités nobles telles que le travail, l’ambition, la persévérance, ne sont plus forcément suffisantes. Alors si tu ne décroches pas la queue du Mickey cette fois-ci, ne perds pas confiance en toi et sois fier du chemin parcouru. Tu as peut-être motivé des gens autour de toi, tu as surement été utile, et surtout, tu as gagné là ta plus grande des richesses : l’expérience.
La vie n’est pas binaire, ce n’est pas un travail pour un fruit, et surtout, toujours se rappeler que son but n’est pas d’être juste (voir mon article ici). C’est ce qui fait qu’elle nous emmerde parfois et nous déçoit, certes, mais c’est ce qui la rend aussi furieusement intéressante, trépidante, challengeante, motivante, et si précieuse.
Bisous cachemire, mohair et mérinos🧣
Cette annee, j’ai plante des fig plants, on verra, je n’ai pas le pouce vert. J’avais essaye des radis francais, pietre recolte, et maintenant j’ai des fraises des bois partout dans la cour arriere, les ecureuils sont surement responsables… plus jardiniers que moi.
Oh, et bien, merci aux écureuils! 😁✌🏻
Tout a fait d’accord avec toi, il faut tirer profit de ses erreurs ou défaites.
Hé oui! Pour tout ce que l’on veut réaliser, il faut faut du hasard ou de la chance.
Pour le jardin c’est le bon soleil, la bonne humidité, le bon insecte pour polliniser… et le bon vouloir de la plante.
Pour les projets personnels c’est un peu la même chose. Il faut rencontrer la bonne personne au bon endroit, au bon moment… et que le projet fasse partie de ses besoins.
Même si notre travail est acharné, on ne récolte pas toujours les fruits de nos efforts! Mais courage… le jour de gloire arrivera!
Tout à fait, ne pas perdre espoir, il vient un jour où c’est notre moment. 😁✌️