« Toute culture naît du mélange, de la rencontre, des chocs. A l’inverse, c’est de l’isolement que meurent les civilisations. »
Octavio Paz.
Salut à toi, jeune Padawan
Ce matin, je me suis réveillée en me disant, tiens, je mangerais bien un petit chinois. Le restaurant hein, pas un enfant asiatique (note à moi-même : ne pas trop forcer sur Marilyn Manson le matin). Mais trouver un restaurant asiatique, à Detroit et de surcroit vegan, suis-je trop optimiste ?
Je me lance donc en mode Sherlock Holmes dans une recherche google, et je trouve, les yeux écarquillés et le cœur battant la chamade (mamie et sa camomille sont de retour), un resto chinois qui propose des solutions vegan. Et ouais !
Je me réjouis pendant mon petit trajet sur fond d’highway to hell dans la bagnole (les vrais savent), et me voici arrivée.
D’extérieur, c’est effectivement un restaurant typiquement asiatique. La déco, l’enseigne, je suis bien au bon endroit, R.A.S. La salle est décorée de manière traditionnelle, les petites serviettes pliées en fleurs sur les tables, les lithographies aux murs, tout y est, je m’avance ….
… Et une grande dame libanaise toute de noir vêtue, robe longue, avec un très joli voile en satin, babouches aux pieds, m’accueille chaleureusement. Seule dans la salle, j’étais à deux doigts de me retourner pour vérifier s’il n’y avait pas de caméra cachée. Je tente de masquer mon étonnement par un grand sourire, m’installe, passe ma commande et observe. Et surtout j’écoute.
Et j’entends le bruit du couteau qui découpe, du wok qui frit, du cuisiner qui met tout son amour dans la préparation de son plat. Je commence à me dire que ça va être une très bonne surprise.
Au bout de 5 mins, j’entends la serveuse libanaise parler au cuisiner en anglais et une femme de lui répondre en chinois. Et visiblement elles se comprennent très bien lol !
Le premier plat arrive, c’est censé être un rouleau de printemps vegan mais c’est frit comme un nem (je suppose qu’ils se sont adaptés au goût américain), c’est néanmoins délicieux, je me délecte.
Le plat principal arrive.
Et là, je jubile les enfants ! Déjà le riz, d’habitude toujours trop cuit à chaque fois que j’en commande, est juste parfait, l’assaisonnement est nickel, les légumes sont bons et cuits juste comme il faut, et frais, juste les petits pois sont surgelés mais très bons, le tempeh cuisiné comme du poulet au citron est excellent, j’adore, je serais à top chef j’aurais mis un 17/20 ! lol
Et quand elle est revenue pour me demander comment était mon plat, que je lui répondit que c’était absolument délicieux et que je comptais sur elle pour bien le dire au chef, ces grands yeux noirs, pourtant déjà si avenants se sont illuminés comme des étoiles. Elle était déjà souriante mais là elle aurait pu gagner le concours de la plus jolie dentition de l’année. Et elle m’a répondu qu’elle me remerciait pour sa collègue, que ça allait lui faire sa journée, mais j’ai compris par son regard et son merveilleux sourire que ça allait lui faire la sienne à elle aussi.
Donc voilà, en conclusion, nous avons deux restauratrices heureuses et fières de leur travail bien fait, une cliente ravie à la peau du ventre bien tendue, qui se dit même que ça mériterai une petite sieste tout ça, que demande le peuple !
Comme je vous l’ai cité en introduction de mon billet, Octavio Paz à dit : « Toute culture naît du mélange, de la rencontre, des chocs. A l’inverse, c’est de l’isolement que meurent les civilisations. »
Je rajouterai cher Monsieur Paz, que ce ne sont seulement les civilisations qui meurent de l’isolement, c’est aussi nous mêmes en tant qu’être humain.
Alors, même si ça peut sonner comme un mauvais porno : rencontrons-nous, apprenons des autres, mélangeons-nous, fusionnons et aimons-nous bordel (je t’avais prévenu).
Bisous (mais pas partout).
