« La sagesse commence dans l’émerveillement ».
Socrate.
Salut à toi, jeune Padawan
Je dois bien t’avouer que j’ai failli appeler cet article « Ce n’est pas la taille qui compte » et connaissant mon humour, tu n’aurais, certes, pas été étonné et puis cela t’aurait peut-être fait sourire. Ah, le sourire, tu te souviens ? On a lancé une « Amber Alert », mais toujours pas de signe de vie. Il est porté disparu depuis des mois.
Comme beaucoup d’entre nous, je suis de plus en plus fréquemment confrontée à des personnes qui n’ont vraiment plus le coeur à sourire. Je m’avoue aussi, pourtant d’un naturel joyeux, un petit peu chafouine ces temps-ci. Alors, il est l’heure de te montrer mon arme secrète, mon piège à idées grises qui fait « crac boom hue », j’ai nommé : le loisir.
Oui je t’avoue que, comme ça, non ça ne fait pas rêver, mais attends, il ne s’agit pas de n’importe lequel. Je te parle d’une activité quotidienne apportant de la joie, qui te permettra de vider ta tête qui fourmille de questions sans réponses, d’inquiétudes, de morosité, d’attente(s), d’incertitudes et autres tracasseries, ne serait-ce que 20 minutes par jour. Car oui, le loisir, lorsqu’on s’y met vraiment, est une sorte de méditation. Prends le puzzle par exemple. À chercher inlassablement la pièce bleue un peu moins bleue que bleue pour finir ton ciel de 3000 pièces, crois-moi, tu en oublies que ta machine à laver est tombée en panne. Mais vraiment. Et arrêter de tourner en boucle quand, assignés à domicile, ça fait une année que nous n’avons plus moyen de l’arrêter (la boucle, essaie de suivre, ndlr), crois-moi, c’est salvateur. Les possibilités sont infinies, ne coûtent quasi pas un rond, te permettent de varier les plaisirs, et ainsi duper ton cerveau qui allait repartir sur un énième épisode de la rediffusion de tes meilleurs drames, version petite maison dans la prairie de ton enfer mental.
Oui, mais alors, pourquoi cette idée de titre à l’humour en dessous de la ceinture ? Eh bien parce que j’adore jardiner et que c’est facile d’accès, pour tous, car tu peux très bien jardiner avec des plantes d’intérieur, ou faire pousser tout plein de trucs (légaux, n’est-ce-pas, ndlr) sur tes rebords de fenêtres ou ton balcon. Et donc, le message est que pour jardiner, pas besoin d’avoir nécessairement un grand espace pour s’amuser. C’est bon, c’est compris ? C’est parti.
En préparant le printemps
–Quelles graines ?
Le printemps est bien avancé, mais je te rassure, il n’est pas trop tard. Tu as encore quelques semaines pour t’y mettre, si cela te tente.
Tu peux acheter, te faire offrir, ou quémander à ceux de ton entourage qui ont la main verte des petites graines ou petits plants de toutes sortes de trucs à faire pousser chez toi. Sachant que tu peux aussi tout à fait garder les graines de ce que tu manges : avocats, pépins de citrons, oranges, pommes … Tu n’auras pas de fruit, car il faut les greffer, mais tu pourras t’amuser à voir pousser ces jolies plantes qui sauront agrémenter à merveille ton intérieur et faire naître en toi la fierté du jardinier en herbe, et te conduira peut-être la saison suivante à investir dans un sachet de graines de tomates-cerises ou de basilic.
Pour ceux qui veulent acheter des graines, je conseillerais du bio, du français, et de l’associatif. Une pierre, trois coups. Depuis quelques années je suis très satisfaite des graines de Kokopelli, mais tu fais bien ce que tu veux de ton petit jardin urbain.
–Terre, pots ?
J’avais aussi pensé, comme titre pour cet article à « C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleurs plants ». Car oui, le jardin, qu’il soit urbain ou non, se pense à l’avance. Garde tout tes vieux pots de plantes, récupère ceux de ton entourage si nécessaire. Ici par exemple (photo 2 en bas à droite, ndlr), ce sont des vieux godets de pensées dont je me sers pour démarrer mes plants de tomate.
Pour ce qui est de la terre, je prends du terreau spécial pour potager qui va me servir pour mes aromates, poivrons, tomates, concombres et … butternut. Oui, cette année, je tente un plant de butternut, en espérant qu’il n’envahisse pas tout mon balcon en mode Monstroplante, lol. Nous verrons, promis si j’ai une récolte, je te ferais une photo cet automne. Je recycle la même terre sur plusieurs années, lorsque je vois que mes plants galèrent un peu, j’ajoute de l’engrais liquide bio à mon eau d’arrosage, une fois par semaine. Tout ce petit monde est planté avec différentes fleurs, pour apporter de la biodiversité, attirer les abeilles et éviter d’avoir à traiter. Pour le moment, le pire que j’ai eu à faire est un coup d’eau avec une goutte de savon noir dans un vaporisateur pour palier à une attaque de pucerons.
–C’est comment qu’on fait ?
Rien de plus simple. Dans des petits godets ou vieilles boites à oeuf, disposer un peu de terre, une graine ou deux suivant la taille réceptacle, un spray d’eau et en avant Guingamp. Il faut beaucoup de luminosité mais pas de soleil direct. Arroser au vaporisateur (c’est fragile !) tous les jours et les retourner d’un demi-tour, pour que les pousses ne penchent pas du côté de la source de lumière.
Les graines devraient sortir sous une petite semaine, parfois deux, suivant le type de graine, puis se mettent à pousser progressivement. Ajouter un petit tuteur avec les moyens du bord, pour mes bébés tomate j’utilise des pics à brochettes que je réutilise d’année en année, et enfin, quand il est temps, placer les bébés plants devenus grands délicatement en terre, ou en pot !
–J’ai de jolis plants, c’est quand qu’on les met dehors ?
Cela dépend bien sûr de ton climat, mais en règle générale en occident : après les 11, 12 et 13 mai de cette année. En effet, il faut les mettre en terre ou en pot dehors après ce qu’on appelle les « Saints de glace ». Si tu le fais avant, tes jolis plants encore fragiles risquent de geler. Tu peux aussi, si tu ne les plantes pas en terre mais dans de plus gros pots les mettre dehors lorsqu’ils te semblent assez costaud (genre 15 cm pour un plant de tomate ndlr) et les rentrer les soirs un peu trop frais. C’est de la manut’, mais cela permet d’avoir des tomates un mois plus tôt. C’est toi qui vois.
Pour tout ce qui est « plante qui a du mal à tenir debout », qui grimpe, qui te donne l’impression que tu l’as arrosée à la Guinness : Ne pas lésiner sur les tuteurs. Cela aidera ta plante à bien pousser, à être plus harmonieuse et à te donner aussi de plus beaux fruits, pour la tomate, par exemple.
Et si tu te poses des questions pour notamment l’entretien de tes plants de tomates, tu peux aller jeter un oeil ici.
Le loisir est une méditation
Oh la vache, tu es en train de lever les yeux au ciel, je te vois, mais pas si vite, mon cher Padawan. La méditation ou l’art de réussir à se vider la tête, est un exercice bien plus difficile qu’on ne le croit. Nombreux sont ceux qui ont essayé de multiples fois et n’ont jamais vraiment réussi à ne plus penser à rien. Et l’art de la médiation conduit son pratiquant bien au delà ; il aura la faculté plus tard, grâce à un esprit plus clair, de se questionner, de découvrir et formuler des vérités qu’il a en lui. Se vider la tête pour mieux la remplir après, en somme.
Planter son basilic, regarder pousser ses plants de tomates, en prendre soin, mettre le petit tuteur qui va bien, chercher une meilleure exposition, tout cela relève de la médiation, mais aussi du soin, c’est une responsabilité, et parfois cela révèle également notre état d’esprit. Sur la photo 2, en haut à gauche, tu pourras remarquer aux quelques feuilles jaunes que j’ai oublié à un moment d’arroser mes petits plants de concombre. Cela peut sembler cul-cul la praline, mais pour moi ceci en dit long sur mon état d’esprit d’il y a deux semaines. Je n’allais pas fort, j’ai laissé mes plants et ma santé mentale à l’abandon. Le parallèle ici était très clair. Sur fond de beaucoup de travail et de trucs personnels, j’en ai oublié des choses qui sont pourtant essentielles pour moi. J’ai donc décidé, depuis ce jour où j’ai failli faire crever mes concombres et me retrouver en burn-out, de faire ce qui est important pour moi. Si mes plantes poussent bien, je pousse bien aussi, en somme.
Bien sûr, du temps qualitatif, méditatif, n’a rien à voir avec l’utilisation d’un un média. Regarder la TV par exemple n’est pas du temps de qualité, les réseaux sociaux non plus. Comment prendre conscience de qui nous sommes intrinsèquement, comment formuler nos vérités, être en accord avec nous-mêmes si nous ne passons nos vies que dans le stress du travail et celui du divertissement ? Oui, le divertissement moderne, « entertainment » comme diraient nos amis anglo-saxons, à savoir la TV et internet, sont tout aussi stressants que ton boulot, et je doute que tu aies besoin des éclairages de ton fidèle serviteur pour t’en rendre compte.
L’humain n’est pas fait pour le stress de cette vie moderne. Il est fait pour courir tout nu dans les bois (je sais que tu l’attendais, ndlr) à la recherche de baies schtroumpfantes, sentir l’humus après la pluie et toucher les arbres pour se sentir vivant. Ainsi, arroser Nestor ton ficus ou vaporiser Bécassine ton orchidée te reconnecte au vrai, au réel, à ta nature même d’être humain.
Il est normal de ne pas être bien dans une société malade, voilà pourquoi il est doublement important de prendre soin de soi aujourd’hui.
Lorsqu’il est déconnecté à ce pour quoi il est fait et que sa cognition dissone, l’humain tourne en boucle sur ses problèmes, les interrogations qu’il se pose ne sont que des questions de surface qui ne lui permettent pas d’avancer, de se sortir de ce cercle de mal-être. Il est important de régulièrement faire une pause dans nos pensées incessantes, au risque de se retrouver un jour en dépression (la fameuse boucle répétitive de laquelle on n’arrive plus à se sortir, nldr). Un être humain sur cinq sera confronté à une dépression dans cette société moderne devenue hostile à la santé mentale humaine. Il est donc vital, j’insiste, il est vital de prendre soin de sa santé mentale au même titre que sa santé physique, car l’un ne va pas sans l’autre. Faire le vide dans son esprit, quotidiennement, quelques minutes, est un soin efficace pour notre cerveau qui aujourd’hui pédale autant qu’un coureur cycliste professionnel. Les plantes sont un bon exemple de loisir car elles nous ramènent au temps vrai, à la lenteur, à l’apaisement.
Le soin des plantes est un soin de soi, la culture* est une thérapie, le jardinage est maïeutique, j’ai dit.
Quelques exemples de temps méditatif de qualité qui vide bien la tête
-Encore une fois, avec une vingtaine de minutes de jardinage, tu augmentes ton estime de toi, cela t’apporte de la joie et de la fierté d’arriver à faire pousser des trucs.
-Avec un puzzle, un mot croisé, un sudoku ou un memory, tu fais fonctionner ta mémoire, ta patience.
-L’apprentissage d’un instrument de musique : Tu travailles sur ta patience et ton humilité, tu comprends que rien n’arrive sans travail, sans efforts.
-Le chant t’apporte beaucoup de joie intérieur, une sorte d’instant hors du temps, entre toi, la musique et les paroles. Seul c’est un moment de méditation, à plusieurs (non, ce n’est pas ce que tu crois petit coquin) c’est un moment de symbiose entre êtres humains. Si tu aimes chanter et que tu n’as jamais participé à un cours de chant collectif ou une chorale, fonce, ça va te mettre les poils, en tout bien et tout honneur, … décidément !
-Une longue marche au grand air. Sais-tu que marcher plus de 30 minutes par jour pendant un mois améliore le moral de manière significative ? Emprunte le chien du voisin et mets tes baskets.
-La méditation, elle-même, pour les padawan experts, mais pas que. Si tu es débutant, tu peux démarrer par des exercices de respiration par exemple, cela fait un bien fou et c’est accessible à tous, même aux enfants. Et je t’invite à consulter cet article ici pour un petit exercice bi-quotidien qui te fera beaucoup de bien.
-La liste n’est bien évidemment pas exhaustive, il y a aussi le vélo, ou tout autre sport qui te ferait plaisir, la peinture, l’écriture, la couture, la cuisine, bref, tu fais bien ce que tu veux du moment que tu t’accordes quelques minutes de temps qualitatif pour toi-même, chaque jour.
Prendre le temps d’avoir un loisir, c’est investir dans du temps personnel de qualité. C’est réaliser l’importance vitale de prendre soin de soi, de faire le vide puis se laisser l’opportunité de prendre conscience, vraiment. Découvrir des vérités sur soi, sur sa vie, sur ce que nous faisons et qui marche, sur ce qui est bon pour soi, et sur ce qu’il faudrait modifier pour que notre santé mentale en soit préservée, ou pour que nous restions en équilibre avec nos valeurs intrinsèques, avec notre moi intérieur. En effet, il est impossible d’être bien, d’être équilibré, de bien se connaitre et d’être en harmonie avec soi-même et les autres sans prendre du temps qualitatif pour soi.
Voilà, j’espère t’avoir donné envie de prendre soin de ta tête, à la période de l’année où on a plutôt tendance à prendre soin de son cul. Le corps le plus fuselé de la plage ne saura être pleinement fonctionnel sans sa tête, alors, entre deux régimes magique et trois séances de sports, pense à ton ciboulot, il te le rendra au centuple. Ciboulot, mot de 1920, au moins. Pour un peu plus d’info sur comment le cerveau s’emballe et te donne parfois l’impression d’avoir passé une mauvaise journée alors que ce n’était concrètement pas le cas, je t’invite à aller voir ici.
Et j’espère, enfin, t’avoir convaincu d’essayer de mettre les deux pieds et les deux mains dans la terre (Oh, ça va hein, ndlr).
Salutations désuètes 🍅
* (Et oui, bravo, il y a un double sens, culture – culture, ça y est ?! Tu as validé ton niveau 2, lol).
Je me suis offert quelques cactus et du basilic qui sent formidablement bon ….. Interieur, je ne suis pas une grande jardiniere, mais la ca ira.
J’adore l’orchidee Becassine, je la retiens celle la.
Et les cactus, tu leur a donné un petit nom ? 😁✌🏻
Ah… les sourires disparus sous les masques… c’est vrai que c’est triste!
Avec un titre pareil, j’ai ouvert le dico… et c’est ce que j’aime dans ton blog car, en plus de m’informer, il cultive mon esprit. Trop mignon ton petit jardin et tes photos sont superbes! Moi, j’ai la chance d’en avoir un plus grand et c’est vrai que cela me fait du bien au corps et à la tête de m’en occuper. Comme une gamine, je suis toujours en émerveillement devant la pousse d’une plante et, si elle fleurit, j’ai plaisir à contempler les insectes butineurs. Tes conseils, au fil de tes différents articles, m’ont permis de me préoccuper de l’essentiel: quand la tête et le corps vont… tout va!
Merci pout ton retour. Le plus marrant avec les insectes butineurs, c’est quand le bourbon balaise se pose sur la toute petite fleur, de fraisier par exemple. Continuons à nous émerveiller, c’est une grande source de joie. 😁✌🏻