« On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille
On choisit pas non plus les trottoirs de Manille
De Paris ou d’Alger pour apprendre à marcher
Être né quelque part
Être né quelque part, pour celui qui est né
C’est toujours un hasard. »
Maxime Le Forestier.
Salut cher Jean-Rationnel,
Peut-être te rends tu souvent compte que telle ou telle situation n’est pas juste. Que comme diraient nos amis anglophones « life is a bitch » car untel n’arrête pas de faire des trucs hors la loi ou hors morale et s’en sort toujours (cf : les hommes politiques par exemple, mais tant d’autres situations existent. ndlr) alors que d’un autre coté, il y a des pauvres malheureux qui naissent dans des pays en guerre, passent une vie misérable, dans la torture, l’humiliation permanente et qui pourtant n’ont rien fait à part être nés dans le mauvais continent, le mauvais pays, le mauvais corps, le mauvais sexe… et tu te dis, « mais ça ne devrait pas être comme ça bordel ! ». Tant d’injustices.
Personne ne naît dans le monde avec les mêmes droits. Et c’est même bien pire qu’une question de droits.
Caliméro avait raison : « C’est trop injuste ».
Certains sont nés à Neuilly, d’autres dans un pays en guerre. Comment vit-on ces injustices, si on est cartésien, athée ?
– Ceux qui croient en Dieu croient au paradis et à l’enfer (As-tu toi aussi pensé à la grenouille ? croient…croient, crôa-crôa ? Non ? Moi non plus. #psychopathesansgluten). Ils ont un « patron » qui s’occupe du « dispatch ».
– Ensuite il y a les gens qui croient au Karma, c’est à dire que chaque acte accompli te retombe dessus : tu crées du positif tu reçois du positif, mais si tu fais de la merde t’as intérêt à avoir un bon parapluie.
– Et les cartésiens alors, quelle est leur méthode de pensée face aux injustices insoutenables de la vie ? Je me sens un poil qualifiée pour t’en parler puisque je me considère comme faisant partie de la secte alors voici mon (nôtre) humble vision…
J’accepte simplement le fait que la vie n’est pas équitable, qu’il n’y a pas de raison pour être né ici ou ailleurs, que tout ceci est dû strictement au hasard. La vie n’est ni juste ni morale et elle ne nous doit absolument rien. Et ensuite on fait le choix, le travail, d’avoir un sac lourd ou léger à se trimballer sur le chemin de la vie (voir mon article sur ce sujet).
Quand il arrive dans la vie un accident ou une maladie il n’y a pas de raison fondamentale qui peut expliquer pourquoi c’est arrivé à l’exclusion d’un comportement allant dans ce sens, par exemple : « tu roules à 200 sur nationale et pouf t’as eu un accident de la route et tu te retrouves en chaise roulante »… tu vas faire de ton mieux avec ce que tu as, ce qui t’es arrivé, il faut juste l’accepter pour aller à l’étape suivante, de décider ce tu en fais, par exemple de sortir de ton statut de victime pour en faire quelque chose de positif. Voilà la vision du cartésien.
Je ne dis pas que c’est le mode de pensée à adopter, j’expose une pensée peut-être un peu singulière par rapport à la tienne, ou pas.
À cela s’ajoute la responsabilité que cela implique…
L’acceptation
Quand tu es né dans un pays riche, que tu as la possibilité d’éducation, que tu es en bonne santé, que tu manges à ta faim, c’est une chance sur laquelle nous devrions ouvrir grand les yeux avec le plus de reconnaissance possible, le plus d’humilité par rapport à ceux qui n’ont pas cette chance, sans non plus se fouetter les fesses quotidiennement avec des branches d’acacia en mode : «tu dois avoir une vie extraordinaire, 100% parfaite car tu es né dans un pays riche ». Bon après tu te fouettes bien ce que tu veux quand tu veux si tu aimes (je sens bien qu’on ne va plus trouver un seul acacia en vente chez Botanic après la sortie de cet article, ndlr).
Et d’ailleurs ça ne veut pas (du tout) dire que les dés sont jetés…
Curieusement et heureusement il y a des gens qui n’ayant pas eu ces chances au départ, par la force de la détermination, provoquent le destin et arrivent à s’en sortir parfois même mieux que ceux qui sont nés avec tout le package et qui n’ont rien fait pour le garder. Le fait de saisir les opportunités car on n’a rien à perdre, d’avoir la niaque au ventre qui va faire qu’on va déplacer des montagnes et avoir un destin fabuleux et en parallèle il y a celui qui parfois est né avec tout mais ne fait rien pour entretenir le bazar.
Le confort rendrait-il paresseux ? Nous rendrait dépourvu de motivation ? Hum, question interessante pour un prochain billet peut-être … Par exemple celui qui est né avec le confort et la chance d’une bonne santé mais ingère des choses qui vont le conduire à la maladie sans se rendre compte que la santé est un cadeau de départ, mais un travail pour le reste du voyage. Et pour cet exemple-ci, il n’a plus de classe sociale ou de nationalité qui peuvent t’apporter de passe-droit.
– « Et moi, et moi, et moi… »
– « Qu’y-a-t’il très cher padawan ? »
– « Moi je suis né dans un pays riche mais avec un paquetage tout pourri. Né dans une famille pauvre, un père alcoolique, une mère absente, des copains qui me battaient à l’école »… Attends j’y viens.
L’entrée au « feu service militaire » était la plus juste métaphore de la vie. Ou presque.
Le premier jour de ta vie, c’est comme à l’armée le jour du paquetage. T’as un numéro qui te donne ce sac là qui contient ces affaires là et tu dois faire avec.
On te donne un sac avec toutes tes affaires pour le temps du service. Dans le tiens il y a certes un treillis flambant neuf mais des vieilles rangers, tu es contrarié. Mais il n’y a pas de raison d’être en colère contre qui que ce soit, c’est ainsi.
Et ne te plaints pas car Maurice, lui, a certes triomphé d’un treillis et de rangers neuves mais n’a eu qu’un seul slip. Pour une année entière. Il va apprendre malgré lui le sens de l’expression « vivre sur le fil ».
A toi de faire de ton mieux avec ce que tu as eu dans ce sac.
Et, avec un peu de second degré comme d’habitude, quand tu penses à tout ce que Mary Poppins avait dans son mini sac ça laisse penseur. Sans parler de sa formule magique à rendre dyslexique un membre de l’académie française (entraine toi : « Supercalifragilisticexpialidocious »).
Les limites sont là où tu les pauses.
Ainsi tu vas apprendre avec humilité que les vieilles rangers c’est mieux : ça fait moins mal aux pieds. Le « Jean-Usrsule de La Proutardière » qui se pavanait devant toi avec ses chaussures neuves en remuant du croupion est le même qui pleure tous les soirs dans la chambrée en comptant ses ampoules.
Tu n’as pas eu de chance au tirage (non pas de mauvais jeu de mots ici, quoique, je te laisse seul juge, ndlr.) mais tu vas apprendre que finalement tu y as gagné en maturité, en responsabilité, en motivation, en niaque.
Tu es « né avec un paquetage tout pourri » pour reprendre ton expression, mais tu le remplis à vu d’oeil de choses ayant bien plus de valeur qu’une paire de rangers neuve en somme.
être a la hauteur ou s’en donner les moyens.
Il n’y a pas de logique la vie est ainsi faite, elle est injuste. À nous d’éveiller nos consciences.
– Quand on a la chance d’être né en bonne santé, dans un pays de droit, un pays riche, on peut avoir de l’humilité, de la gratitude et d’être au maximum bienveillant envers les autres.
– Et après il y a le second level, être altruiste au point d’offrir de son temps personnel pour aider les autres. Le monde n’est pas né équitable mais nous avons le pouvoir de le rendre plus harmonieux. On peut changer les choses, sur le quotidien des gens, sur la politique …
– Pour le troisième level on peut faire le choix d’embrasser cette responsabilité qui est la notre en tant que consommateur des pays riches. Ne pas aggraver la situation des enfants et citoyens de « l’autre monde » en ayant des comportements raisonnables et accepter de payer le juste prix pour ne pas pourrir encore plus leurs vies, car chaque achat malheureux à un impact direct sur eux.
Pour accéder à ce troisième level il nous faut sortir du statut de victime dans le quel on se met individuellement pour pouvoir se libérer et s’ouvrir aux autres. On est tous responsables. La responsabilité n’est pas un gros mot, il n’y a aucune culpabilité là dedans. Il y a des événements qui nous arrivent, c’est pas de notre faute mais nous en sommes responsables. On en reparlera dans un prochain billet.
« Ceux qui pensent que c’est impossible sont priés de ne pas déranger ceux qui essaient. »
Jean Anonyme.
Comme je dis toujours il y a 2 camps, celui qui se dit que c’est comme ça est que ça l’a toujours été et qu’on ne peut rien y faire, versus celui qui veut se bouger pour tenter quelque chose.
C’est complètement arbitraire que de décider de mettre de la morale dans un monde qui en est dépourvu, mais ne serait-ce pas cela la conscience ? L’intelligence ? La maturité ? La responsabilité ? L’évolution ? L’altruisme ? Interrogeons-nous.
Aimons, vivons, prenons plaisir, mais pas au détriment des autres.
Le cœur bercé d’espoirs, je te souhaite une merveilleuse soirée.
Bisous Namasté.
juste avant de lire ce blog, je repondais a une amie qui vient de m’apprendre que son partenaire a un cancer …… et je lui ai repondu life is a bitch …. entre autre …….formule passe partout mais qui en fait est assez juste …..plus juste que le simple c’est la vie …..
Je crois que l’altruisme existe toujours , peut etre mieux cache …….. mais il faut aussi penser a soi afin de mieux s’occuper des autres…
Oui je suis d’accord avec toi, c’est plus juste surtout dans un cas comme celui-ci, je lui souhaite un prompt rétablissement.
C’est la règle d’or pour s’occuper des autres comme tu dis, je pense qu’il faut avant tout être bien dans ses baskets. On doit s’aimer pour aimer les autres. ❤️
C’est très intéressant, je trouve, que tu introduises l’article en soulignant la particularité de l’approche rationaliste… Et ça me parle particulièrement, vu que je traite régulièrement de l’esprit critique qui est de fait une forme de méthode rationaliste de traitement des infos. Je me retrouve pas mal dans tes propos, notamment sur la nécessité de distinguer ce qui relèverait de la culpabilité ou de l’auto flagellation (j’ai de la chance je ne l’ai pas mérité c’est injuste j’ai honte etc), et ce qui relève de la responsabilité (oui j’ai de la chance, j’ai des privilèges, je ne l’ai pas choisi, mais je peux choisir comment je vais agir à partir de ça). C’est d’ailleurs quelque chose qu’on soulève souvent dans les échanges autour du féminisme, quand les hommes se sentent accusés : on n’attend pas qu’ils se lamentent, ils n’ont pas plus choisi d’être des hommes que nous sommes des femmes… En revanche, on attend qu’ils en tirent des conclusions, soient à l’écoute, et cherchent à infléchir leurs comportement.
Merci pour ton analyse. Oui je pense qu’il est important de faire distinguer la responsabilité de la culpabilité. Comme tu le dis dans ton exemple hommes-femmes, on n’est pas coupable d’être né homme ou femme mais on en a la responsabilité.
On y associe trop souvent notre petit nombril, d’où les lamentations, les « mais c’est pas moi qui » (viole, bat, humilie…). Quiconque lutte pour une cause est une grande aide, alors que le nombrilisme n’a jamais fait avancer les choses.