Miles Davis, génie découvreur de talents.

 

 

 

 

 

 

Salut à toi, jeune Padawan

 

Puisque les beaux jours arrivent et qu’il est temps de motiver tes plantes vertes ou ton jardin si tu as l’un, l’autre, ou les deux, je me suis dit qu’un petit article musical tombait à point nommé — si tu ne sais pas que la musique plaît aux végétaux, je t’invite à jeter un œil à l’article ici.

 

Tu te souviens, dans un précédent billet, je t’avais parlé de John Coltrane et du fait qu’il avait bossé, et pas qu’une fois, avec le grand Miles Davis. Eh bien, nous allons aujourd’hui lui rendre honneur en (re)découvrant la première partie de sa vie, et même mieux, puisque nous allons aller jusqu’à Kind of Blue, mythique-sublime-grandiose album de Miles Davis, avec, justement, John Coltrane au saxo ténor.

 

La totale, du grand bonheur pour les oreilles et les plantes.

 

Comme d’habitude, tous les mots en gris sont des liens à cliquer, et surtout, à écouter. 🎵

 

 

 

 

 

 

 

 

Miles Davis, génie du Jazz

Né en 1926 à Alton dans l’Illinois, et décédé à 65 ans, en 1991, ce grand artiste commence à jouer de la trompette à l’âge de treize ans.

 

Issu d’une famille aisée grâce à un père chirurgien dentiste, son oreille musicale s’est développée au son du piano et du violon que maitrisait sa mère. Sa grand-mère était professeure d’orgue dans l’Arkansas, et sa sœur aînée, Dorothy, et son frère cadet, Vernon, étudient également la musique.

 

Les Davis déménagent à East Saint Louis, toujours dans l’Illinois, où le père de Miles ouvre un cabinet dentaire. Il se passionne de sport durant son enfance, notamment de boxe, et sa passion pour la musique arrive très vite, dès l’écoute de l’émission radiophonique de jazz Harlem Rythms. Vers ses 10 ans, un ami de son père lui offre sa première trompette, et il commence à se familiariser avec cet instrument, puis prendra des cours à son arrivée au collège, avec un autre ami de son père, qui l’aidera à trouver son style.

 

Il devient professionnel en 1942, à seulement seize ans. À la suite d’une audition, il est engagé comme trompettiste dans l’orchestre d’Eddie Ranale, les Blue Devils (qui joue essentiellement du blues, ndlr), où il découvre l’organisation des répétitions et la théorie musicale, qui lui apprendra une solide connaissance du métier, mais aussi contribuera aux nombreuses évolutions stylistiques de sa carrière. Il y rencontrera Lester Young, idole des saxophonistes, qui deviendra l’un de ses modèles.

 

Miles, parallèlement à ses études à la Juilliard School où il apprend le piano, entame une première phase de sa carrière dans le style bebop, où il fait de nombreuses rencontres plus ou moins fructueuses, notamment au Minton’s, où il accompagne Billie Holiday au sein de l’orchestre du saxophoniste Coleman Hawkins. De cette période, il déclarera : « Je pouvais en apprendre plus en une nuit au Minton’s qu’en deux ans d’études à la Juilliard School ».

 

Sa carrière commence à décoller après avoir intégré le quintet de Charlie Parker, brillant saxophoniste alto, où il y restera trois ans. Il enregistre quelques mois plus tard sa première composition personnelle, « Donna Lee », qui attirera l’attention de Gil Evans, célèbre arrangeur, compositeur et chef d’orchestre. À l’automne 1946, Charlie Parker est hospitalisé et Miles se retrouve sans travail. Au printemps 1947, après des années de résistance avec les mauvaises habitudes du saxophoniste et de son entourage, il plonge dans la cocaïne et l’héroïne.

 

Ensuite, arrive la période du cool jazz. À l’été 1948, Miles Davis, collabore avec l’arrangeur Gil Evans pour participer à cette nouvelle forme de jazz. Installé à New York, il fonde un nouveau groupe, un nonette, dont la musique reposera largement sur les arrangements, et qui se produit pour la première fois en public en 1948, assurant la première partie du spectacle de Count Basie au Royal Roost de New York, sous le titre « Nonet de Miles Davis, arrangement de Gerry Mulligan, Gil Evans et John Lewis ». Cette nouvelle musique plus lente aux arrangements soignés rompt radicalement avec l’urgence du bebop.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le nonette entre en studio début 1949, à New York, pour une série de trois séances qui vont changer la face du jazz. En quinze mois et avec de nombreux musiciens différents, le groupe enregistre une douzaine de morceaux, dont les titres Godchild, Move, Budo, Jeru, Boplicity et Israel. Six d’entre eux sortent en 78 tours, le reste devra attendre les années 1950 et le célèbre album Birth of the Cool, sorti longtemps après les faits, pour voir le jour. Le cool jazz est né, mais cette nouvelle musique mettra plusieurs années à s’imposer auprès des musiciens et du public.

 

Toujours en 1949, Miles Davis effectue son premier voyage à l’étranger pour participer, le 8 mai, au Festival international de jazz à Paris, salle Pleyel. Lorsqu’il dirige un groupe avec le pianiste Tadd Dameron, il rencontre l’élite intellectuelle et artistique parisienne de l’époque : Jean-Paul Sartre, Boris Vian, Pablo Picasso et surtout Juliette Gréco, dont il tombera amoureux. Pour le trompettiste, la France est à l’époque un pays beaucoup moins raciste que les États-Unis, et il a pour la première fois la sensation, comme il le dira dans son autobiographie, « d’être traité comme un être humain ».

 

Malheureusement, à son retour aux États-Unis, triste de sa séparation d’avec Juliette Gréco et mélancolique du milieu artistique parisien, il replonge dans l’héroïne, abandonne sa femme, ses enfants, perd son argent, sa maison est saisie par une société de crédit, et il finit en prison à Los Angeles.

 

Les années suivantes, il enregistre avec de nombreux artistes très cotés, tels que Charlie Parker, les chanteuses Sarah Vaughan et Billie Holiday, Jackie McLean, Philly Joe Jones ou Sonny Rollins. Il fait également la connaissance d’un jeune saxophoniste, notre fameux John Coltrane, avec qui il joue brièvement à l’Audubon Ballroom de Manhattan.

 

Mais, malgré l’implication de son père, qui le ramène chez lui à East St Louis et va même jusqu’à le faire arrêter par la police, il ne parvient pas à décrocher de la drogue. Après une lutte difficile contre son addiction à l’héroïne, dans la ferme de son père, il réussit à se désintoxiquer en février 1954, et réunit dans la foulée un nouveau sextet et démarre un nouveau style qui deviendra après le Bebop et le Cool la « troisième vague » du Jazz moderne : le hard bop, un nouveau style plus énergique et plus simple harmoniquement. Plusieurs morceaux fondateurs du hard bop verront le jour sur l’album « Walkin‘ » : en particulier le titre éponyme, mais aussi Airegin (anagramme de Nigéria), Oleo et Doxy composés par Rollins sur l’album « Bags’ Groove ». C’est l’année charnière qui aura métamorphosé un trompettiste doué en jazzman de génie.

 

En 1955, il fonde le groupe considéré depuis comme son premier grand quintet, avec John Coltrane au saxophone ténor, Red Garland au piano, Paul Chambers à la contrebasse et Philly Joe Jones à la batterie. Le quintet deviendra également la preuve du don de découvreur de talents de Davis : l’ensemble de ses membres sont ou deviendront des leaders appréciés, le plus connu étant John Coltrane, dont la réputation sera l’égale de celle de Miles, mais cela, nous le savons déjà grâce à l’article ici.

 

Malgré le succès, l’ambiance au sein du groupe est parfois tendue, Davis ne supportant pas la toxicomanie de Coltrane. En avril 1957, après que les deux hommes en sont venus aux mains, le trompettiste renvoie Coltrane du groupe. Ce dernier est alors invité par Thelonius Monk à rejoindre son orchestre. Se libérant de son addiction, Coltrane joue avec lui pendant plusieurs mois avant de retrouver Miles Davis.

 

En 1958, Miles Davis enregistre Milestones ; son quintet devient alors sextet avec l’apparition de Julian Edwin « Cannonball » Adderley au saxophone alto. Cet album introduit les premiers éléments de musique modale. Quelques jours plus tard, il participe, sous la direction d’Adderley, au mythique album Somethin’ Else, en tant que sideman. Parallèlement, il poursuit sa collaboration avec Gil Evans et crée des albums orchestraux qui connaîtront un important succès critique et commercial : Miles Ahead (1957), Porgy and Bess (1958) et Sketches of Spain (1959-1960).

 

Et en 1959, Miles Davis signe son chef-d’œuvre avec Kind of Blue, un album improvisé autour de trames qu’il a composées…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Kind of Blue, un album mythique

Kind of Blue est sorti le 17 août 1959. Les enregistrements s’effectuent avec le sextet de Miles Davis, composé des saxophonistes John Coltrane et Julian « Cannonball » Adderley, des pianistes Bill Evans et Wynton Kelly, du batteur Jimmy Cobb et du contrebassiste Paul Chambers.

 

Les cinq titres ont été enregistrés en deux sessions au Columbia’s 30th Street Studio situé à New York. Les titres qui composent la Face 1 du LP (So What, Freddie Freeloader et Blue in Green) sont enregistrés lors de la première session le 2 mars 1959. Les deux autres titres présents sur la Face 2 (Flamenco Sketches et All Blues) sont enregistrés le 22 avril.

 

Kind of blue est composé comme une série d’« esquisses modales », dans lesquelles chaque musicien a reçu un ensemble de gammes qui indiquent les principales caractéristiques de l’improvisation et du style. Ce style contraste avec les méthodes traditionnelles de composition, consistant à fournir aux musiciens les partitions complètes, ou bien en apportant aux musiciens une progression d’accords, comme c’est souvent le cas pour le jazz d’improvisation.

 

Bien que le nombre de ventes ait été discuté, Kind of Blue a été décrit par de nombreux compositeurs non seulement comme l’album le plus vendu de Miles Davis, mais comme le disque de jazz le plus vendu de tous les temps. Le 7 octobre 2008, la Recording Industry Association of America a certifié ses ventes de 4 disques de platine (plus de 4 millions d’unités).

 

Kind of Blue a été considéré par de nombreux critiques comme le meilleur album de jazz, le chef-d’œuvre de Miles Davis, et un des plus grands albums de tous les temps. Le magazine Rolling Stone l’a même classé douzième dans sa liste des 500 plus grands albums de tous les temps. Miles Davis a marqué l’histoire du jazz et de la musique du XXe siècle en général, et cet album restera mythique.

 

 

 

 

 

 

 

Et voici pour aujourd’hui. Miles Davis est définitivement l’un des plus grands artistes de jazz de tous les temps, pour le pas dire le plus grand, selon l’âme et les goûts de chacun.

 

À défaut de t’avoir fait découvrir ce magnifique artiste, j’espère néanmoins t’avoir donné l’envie de le réécouter et de te réapproprier ce sublime album, désormais grand classique du jazz.

 

Petits bonus hors sujet, en effectuant mes recherches, je suis tombée sur cet enregistrement de Davis et Coltrane à l’Olympia de Paris, en 1960, et puis sur un petit mix Coltrane-Davis, parce que nous le valons bien, à écouter ici. Un pur bonheur !

 

Et quant à moi, je te souhaite un bon weekend, et on se dit à jeudi !

 

 

Salutations musicales  🎺

 

 

 

 

 

Sources : From the Vaults, Britanica, Wikipédia, Wikipédia, The guardian, Miles, the Autobiography – ed. The National Bestseller.