« Une agriculture qui ne peut produire sans détruire porte en elle les germes de sa propre destruction ».
Pierre Rabhi.
Salut à toi, jeune Padawan
AB, Eurofeuille, Demeter, Bio cohérence …, mais comment on s’y retrouve dans cette forêt de labels ?
Comme promis il y a quelques semaines dans cet article ici, nous allons discuter des différents labels qui sont à notre disposition en France actuellement. Ceci sera une liste non exhaustive, car je ne vais te parler que des principaux et mettre surtout l’accent sur les plus intéressants pour la santé humaine — et en 2024, crois-moi, c’est pas du luxe.
On va partir sur le point de vue du consommateur, à savoir toi, moi, puisque c’est ce qui nous intéresse aujourd’hui, et enfin, poser ici et là quelques sarcasmes, tous sourcés, œuf corse, afin de commencer à poser les bases d’une réflexion plus que nécessaire, parce que vitale : en quoi l’Union européenne nous est délétère à nous, Français, en tant que citoyens ? Oui, je te l’ai dit, à la rentrée, on va bousculer nos idées reçues, puisque au vu de l’état de notre pays, il ne nous est désormais plus permis de se contenter d’être ignorants, ou pire, médiocres.
Allons-y, c’est parti mon cui-cui.
Un mot sur l’agriculture biologique.
Si l’agriculture conventionnelle est fondée sur un système de production promouvant intensification et l’efficacité, de nombreux produits chimiques étant utilisés pour accroître les rendements, l’agriculture biologique, quant à elle, valorise les processus naturels : respect de la biodiversité et du bien-être animal (l’utilisation de cages et de sols grillagés sont interdits, quelles que soient les espèces), préservation des ressources naturelles, et absence de produits de synthèse, tels que les pesticides et les OGM.
Est-il possible de ne pas manger bio en 2024 et d’être en santé sur le long terme ? La réponse est simple : soyons raisonnables. Déjà, 100 % c’est difficile, car cela va te désociabiliser un max (pas de restaurants conventionnels, pas de dîners entre amis « non-bio »). Alors, comme toujours dans l’esprit de ce blog, n’entrons pas dans la folie, mais posons-nous toutefois des questions critiques. Par exemple, y a-t-il des aliments à privilégier pour le bio, comme les pommes et l’huile d’olive, souvent bourrés de produits chimiques dans le conventionnel ?
Est-il possible de couper un ou deux abonnements digitaux à la con du type Netflix ou que sais-je, qui te permettra d’acheter une partie de tes légumes ou fruits bio, voire, si tu te débrouilles bien, en allant direct aux producteurs, acheter tes paniers de légumes pour même moins cher que les légumes et fruits conventionnels du supermarché ?
Dès que nous sommes convaincus et motivés, nous trouvons les solutions. Reste maintenant à choisir : quel “bio” ? Car il y a “bio” et “bio” …
Le label principal nommé AB, et la honte de l’eurofeuille
Le label Agriculture biologique ou AB, a été créé en 1985 pour identifier les produits bio sur le critère principal de non-utilisation de produits de synthèse. Il dépend du ministère de l’Agriculture. Ce label s’est malheureusement aligné en 2009 sur les critères européens, comme toujours avec l’U.E par obligation sous peine d’amende (mais démocratique, l’amende ! ndlr). Cela a donné la fameuse “eurofeuille” que tu vois sur les produits, et c’est un problème, comme tout ce qui va avec l’U.E, car c’est, comme d’habitude, beaucoup de déconstruction et de bureaucratie pour au final être délétère. Mais c’est le progrès, alors on ne peut rien dire, car c’est forcément bien. Ah, la jolie petite musique communiste que personne ou presque n’a reconnue, pourtant le blindtest était facile, mais nous sommes le fruit d’un dressage, d’un conditionnement, et le plus dur dans tout cela, c’est d’en sortir, comme pour les sectes, mais je m’égare, reprenons.
Le label AB est donc, depuis sa mise en conformité avec l’U.E, moins contraignant et moins exigeant qu’avant — tu découvriras un des « pourquoi » ci-dessous, et si je suis sympa, je vais même t’en mettre deux. Heureusement, la réglementation française prime encore, même si on ne sait pour combien de temps, sur le “grand soviet suprême Européen” nommé plus communément U.E*, puisque notre label AB est voué à disparaître. Eh oui, plutôt que de se conformer à un label, français et pas parfait, certes, mais qui tient la route, tout-fait tout-prêt, qui tourne bien et dont les clients sont majoritairement satisfaits, il n’y avait plus qu’à copier sur le copain français qui gère depuis belle lurette, non, ils ont préféré noyer toute une flopée de pays dans des méandres administratifs sans nom, parce que « c’est eux qui décident » — enfin, ce sont surtout les lobbies qui y font fureur* (jeu de mot hautement assumé, à lire avec un fort accent allemand, pour le reste, je te renvoie à l’astérisque, ndlr).
D’ordre général, le label AB nous assure des produits sans résidus de pesticides, et non irradiés, c’est-à-dire ni ionisation, ni pasteurisation à froid, ce qui détruit les vitamines et les nutriments essentiels. Ex : les abricots secs conventionnels qui sont orange, versus les abricots secs bio non irradiés qui sont bruns parce que séchés naturellement.
Nous étions censés également pouvoir acheter des plats préparés sous label AB garantis sans additifs chimiques, mais cela, c’était avant l’apparition de l’eurofeuille, de l’enfer. Toutefois, seuls 48 additifs sont autorisés en agriculture biologique, contre 300 en agriculture conventionnelle.
Pour obtenir ce label AB, le produit doit être composé d’au moins 95 % d’ingrédients ou d’éléments issus d’une production biologique, et ne pas présenter de traces d’OGM. Enfin ça, c’était avant l’eurofeuille de pq, et ce n’est qu’un début, tant ce truc bureaucratique est gangrené de lobbies de tous poils, redisons-le, pour être sûr que cela n’échappe à personne — le pourquoi à la fin de ce paragraphe, un peu de suspens.
« Le logo Eurofeuille correspond au label européen qui caractérise les produits respectant le cahier des charges de l’agriculture biologique. Il doit être accompagné d’une mention précisant l’origine des matières premières ainsi que du numéro de l’organisme certificateur. Ce numéro est composé du code international du pays de production du produit + BIO + numéro d’ordre, par exemple pour un produit fabriqué en France : FR-BIO-09. Il est obligatoire pour les denrées alimentaires pré-emballées d’origine européenne remplissant les conditions d’usage. Il reste facultatif pour les denrées alimentaires importées. » (économie.gouv).
Un exemple de non-sens créé par « l’harmonisation » avec le label européen : le label européen ne garantit pas qu’un produit provienne d’un pays de l’Union européenne. Dois-je te rappeler que les normes y sont différentes dans le reste du monde, voire incontrôlées et incontrôlables ? Bon, l’origine est toujours inscrite sur l’emballage et si 98 % ou plus des ingrédients sont originaires d’un pays hors UE, le nom de celui-ci est alors indiqué sur le produit. Nous voilà rassurés… ou pas !
Un deuxième, car je sais que tu es gourmand : les produits peuvent désormais présenter jusqu’à 0,9 % de traces « infimes et fortuites » d’OGM. Et ce n’est qu’un début, direction de mal en pis. Europa !, comme disaient les SS et les fascistes qui ont créé les fondations de l’Union européenne !* (voir l’astérisque à la fin de l’article, si tu es au bord de la syncope. C’est sûr que si tu n’étais pas au courant, tu dois suffoquer un poil, toutes mes confuses, ndlr).
Le label Bio Cohérence
En réaction à l’eurofeuille, de la honte, ci-dessus et à la baisse des exigences du bio initialement sous label AB, un petit nouveau fut créé en 2010 par plusieurs acteurs de l’agriculture biologique.
Bio Cohérence reprend donc les codes et les exigences de l’ancien label français AB, considéré comme plus en phase avec les réelles valeurs de l’agriculture biologique.
Par exemple, pour être certifié Bio Cohérence, un produit doit être cultivé et transformé sur le sol français, dans des exploitations garantissant un revenu équitable et veillant au bien-être animal. C’est donc toute une philosophie d’agriculture qui est promue à travers ce label, et non seulement les produits.
Le label Demeter
L’association Demeter, créée en 1928, se base sur une agriculture biodynamique, mode d’agriculture biologique qui considère que des aliments de qualité ne peuvent être produits que sur une terre en pleine santé. Il s’agit donc de favoriser une plus grande biodiversité des sols, renforcer la santé des plantes, prendre en compte les rythmes saisonniers ou encore construire des paysages harmonieux.
Le label Demeter bannit les produits chimiques, mais pas seulement : il privilégie le développement et le renouvellement de la biodiversité, pour avoir un impact positif sur la nature au-delà des productions agricoles. Pour obtenir ce label, un produit fini doit être composé d’au moins 90 % d’aliments eux-mêmes certifiés Demeter, et le reste d’éléments bio. Je te parle d’ailleurs de mon huile d’olive ici.
Ainsi, les producteurs Demeter, grâce à un ensemble de techniques biodynamiques, entretiennent, améliorent et fertilisent les sols afin d’y cultiver des plantes de qualité. Ils doivent effectuer une rotation des cultures et employer des engrais verts. Les pesticides, OGM et tout autre produit néfaste pour les sols sont proscrits.
Si les produits sont transformés, ils doivent se composer d’au moins 90 % d’ingrédients certifiés Demeter et 10 % de composants bio. Les animaux ont accès au pâturage et il est interdit de les attacher en permanence ou de mettre en cage les volailles. Le bétail est nourri avec 66 % d’aliments Demeter dont au moins 50 % sont produits sur l’exploitation. L’alimentation conventionnelle est interdite. Enfin, certaines substances sont interdites dans les produits transformés Demeter tels que les sels nitriques dans la viande ou de nombreux arômes, même naturels.
Le label Bio Partenaire
Il comprend lui aussi une dimension humaniste, au-delà de la simple méthode de production biologique. Le label s’appuie sur deux grands principes : le soutien à la production locale et la stabilité des acteurs du secteur bio, grâce notamment à l’instauration d’un revenu juste pour les producteurs.
Là où il s’avère particulièrement intéressant pour nous, consommateurs : le label Bio Partenaire comprend aussi la certification Bio Équitable, qui s’applique aux textiles bios et éthiques en provenance de petits producteurs.
Le label Nature et Progrès
Premier label privé réglementant l’agriculture biologique en France, créé en 1964. Le label est attribué aux producteurs respectant une charte et un cahier des charges relatif au type de production.
Le label interdit les traces d’OGM et l’huile de palme dans ses produits, même si ceux-ci remplissent le cahier des charges de l’agriculture biologique — ce qui est intéressant pour éviter la dictature bienveillante de l’eurofeuille, de l’horreur.
La taille et la densité des élevages doivent être limités et l’alimentation animale être produite pour moitié sur la ferme d’élevage. De plus, les fermes doivent être 100 % bio et se situer à plus de 500 m de grandes voies routières ou en amont d’exploitations agricoles ou d’usines polluantes. Des contrôles annuels dans les exploitations sont effectués par les agents de Nature & Progrès.
Les coopératives, l’une d’entre elles en exemple
Je me permets de poser ici un petit laïus sur les coopératives, car il y en a un peu partout et leur cahier des charges est très souvent hyper stricte, comme celui, par exemple, de la biocoop, où je suis sociétaire depuis 12 ans.
Bioccop n’est pas un label, mais a établi une charte sur laquelle repose l’ensemble de ses activités. La sélection des produits se fait sur des critères plus exigeants que le cahier des charges de l’agriculture biologique ou celui des cosmétiques écologiques et bio. En effet, par exemple pour les produits alimentaires, ils refusent ou limitent les agents de texture et les stabilisants, les colorants, les vitamines de synthèse, l’acide citrique, la gélatine non bio et limite les teneurs en sel et en sucre.
Bon, tu l’auras compris, cher Padawan, le label bio français AB, vandalisé par l’eurofeuille de Bruxelles (non, il n’y avait pas de sarcasme ici, lol, ndlr), n’est plus suffisant pour garantir des produits conformes à la santé humaine, puisque nous en sommes arrivés là, ou des aliments sans OGM, pléonasme, pour ceux qui, comme moi, sont attentifs à ce genre de manipulations génétiques agricoles. Si tu te demandes pourquoi, c’est que tu as déjà compris, mais si tu veux aller plus loin, le pub med est ton meilleur ami ; il commence déjà à y avoir des données sérieuses à ce sujet, environnementales et sur la santé humaine — avec le peu d’années de recul que nous avons, ceci est très donc inquiétant.
Néanmoins, cela va sans dire, alors disons-le quand même, il existe un non-bio aussi bon, voire meilleur que le bio : le jardin potager personnel, car tu sais ce que tu ne mets dedans, ou le petit agriculteur cul-terreux du fin fond de ton village qui n’a pas les sous (ni le temps !) pour faire les démarches en bio, mais dont la terre sous les ongles, les mauvaises herbes et fleurs tout partout au milieu des plants de tomates sont la preuve que le gars fait les choses bien.
Alors bio ou pas bio, je dirais plutôt que nous ne pouvons plus faire l’économie de la longue marche dominicale à la recherche de l’oiseau rare de notre région, tel un brocanteur à l’affût de tout ce qui brille. Le petit gars qui cultive ses légumes dans une terre riche, meuble, vivante, qui sent bon le compost frais et la tradition paysanne française que nous maîtrisons si bien. Sans oublier le pull en laine qui gratte et les pantalons à trous, deux critères hautement essentiels dans le choix de ton futur fournisseur.
Pour ce qui est des produits dits sensibles, comme l’huile d’olive par exemple**, si tu n’as pas de producteur de confiance autour de toi, ce qui est mon cas, mieux vaut aller sur des labels bien plus sérieux que ce pauvre label AB aujourd’hui en souffrance, violé par l’impitoyable bureaucratie de l’U.E et sa stupide eurofeuille de papier de verre. Ça pique. Un label Demeter, par exemple, garantira à ton huile d’olive non seulement d’être de la meilleure qualité possible, mais aussi d’être la plus respectueuse de l’environnement. Voilà qui est beaucoup plus concret et sérieux que de pisser sous la douche.
Notre vie est faite de choix, certains nous préservent des conséquences associées possibles, parfois probables, parfois certaines ; à chacun d’entre nous de mesurer et d’assumer pleinement où est notre jauge. L’important dans tout cela est d’avoir l’information, et pour cela, il faut y passer du temps et croiser les sources, ou être fidèle à ce modeste blog qui te renseigne avec amour, gloire et beauté depuis 2017.
Il ne me reste plus qu’à te souhaiter un bon weekend, une bonne brocante-agricole, et nous nous disons à jeudi prochain, pour de nouvelles aventures.
Salutations biologiques 🌱
* Si tu n’es pas au courant de cela, et que tu votes, il serait temps de savoir pour « quoi » et surtout pour « qui ». Un grand historien a fait le boulot en allant consulter les archives historiques de l’U.E dans un livre sourcé (biblio d’une soixantaine de pages !) qui ne demande qu’à être lu : « Europa ! » De Geroges-Henri Soutou, ed. Tallandier.
** Si tu te demandes pourquoi j’insiste sur l’huile d’olive, c’est que tu n’es pas au courant que plusieurs lots d’huile d’olive conventionnels se sont retrouvés non conformes, ou pire, avec de l’huile frelatée, de moteur, ou autre joyeuseté dedans. L’avantage de choisir un label, en plus du label bio, c’est que tu auras trois contrôles possibles : la DGCCRF classique à tout produit conventionnel, mais aussi les contrôleurs du bio, plus ceux du label supplémentaire en question, pour ma part, j’ai choisi de faire confiance à Demeter. Voici quelques sources à ce sujet, avant de passer aux sources de l’article.
DGCCRF – huile d’olive incertaine.
DGCCRF – Contrôle des huiles d’olives, nombreuses anomalies.
Rappel conso : Le site des alertes de produits dangereux du gouvernement Francais – huile d’olive.
Que choisir – huiles d’olives à nouveau pointées du doigt.
TF1 info – En Espagne et en Italie, vaste coup de filet chez des trafiquants d’huile d’olive.
Pétition stop à la fraude alimentaire – huile d’olive.
Sources de l’article :
Economie.gouv – Labels bios : comment vous y retrouver ?
Demeter Suisse
Demeter France
Celnat – Qu’est-ce que le label Demeter ?
Made in 06 – Les labels bio en France
Lendopolis – Tout savoir sur les labels bio
Biocoop
Good planet – Les labels bio
Biolaune – Labels bio